Le dévoué et l’intéressé

[املي رضا الرحمن]

Le dévoué et l’intéressé

Cheikh Abo Ishaq Alheweny

Le dévoué connait sa direction, il sait ce qu’il veut, il a donc un objectif, ainsi qu’un guide qui lui indiquera le chemin à suivre pour ne pas se perdre, Pourquoi ? Parce que le Prophète que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui a dit dans le hadith authentique : « Ma communauté se divisera en soixante-treize partis, tous seront en Enfer sauf un, »On lui demanda :« Quel est ce parti Ô Messager d’Allah ? »Il répondit :« Celui auquel j’appartiens aujourd’hui moi et mes Compagnons. »

Celui qui prend un chemin sans indications, il doit passer par plusieurs endroits anonymes et à chaque fois qu'il s'arrête il réalise que ce n'est pas l'endroit qu'il cherche.Crois-tu que ce voyageur arrivera à l’endroit qu’il souhaite arriver, sans indications ? Impossible! Il restera toute sa vie à chercher, et peut-être il mourra sans l’avoir trouvé…

Voilà pourquoi le prophète quand il a été questionné: « Quel est ce parti Ô Messager d’Allah ? » il avait répondu: « Celui auquel j’appartiens aujourd’hui moi et mes Compagnons.» donc il nous faut un guide pour pouvoir avancer …

Les dévoués (ceux qui aiment Allah); ne se trompent pas, ne dévient pas, et même s’ils font une erreur, leur pieds restent fermement sur le chemin d'Allah, sans dévier !

L’employé (celui qui n’est intéressé que par la rétribution); celui qui attend une rémunération, même s’il est sur le bon chemin, il sera privé d’une grande chance, celle de profiter pleinement des valeurs et des plaisirs de l’Islam.



Le Cheikh a ensuite parlé de ceux qui s’empressent à lire le plus grands nombre de fois le Coran pendant le Ramadan ;

Celui qui réussit à finir de lire le Coran tout les trois ou quatre jours, en se fixant comme but de lire le Coran 10 fois pendant tout le Ramadan, je ne le critique pas et c’est une bonne chose car chaque lettre lue est l’équivalent de 10 bonnes actions (Hassanât), mais son objectif est d’arriver à la fin de la Sourate, pour gagner un maximum de bons points.

L’essentielle raison pour laquelle le Coran fut révélé ;

Le Coran, lorsqu’il fut révélé, avait pour objectif essentiel de transmette le Message d’Allah Tout-Puissant ; ainsi le quart d’un chapitre, compris et lu avec soin, vaut peut-être beaucoup mieux, pour lui, pour son cœur, que de lire dix fois le Coran en entier.

S’il lit par exemple : « Ô vous qui avaient cru… » Puis qu’il s’arrête et réfléchit ; « Qu’attend mon Seigneur de Moi ? » et « Ai-je le privilège d’appartenir au groupe de ceux qui ont cru pour que ces mots me soient adressés ? »

La plus part des Compagnons n’ont pas appris le Coran en entier, ceux qui y sont parvenus sont rares,

Comme le démontre le hadith de Abdoullah Ibno ‘Amro Ibno Al’âss, ce dernier faisant parti de ceux qui avaient appris le Coran en entier, c'est-à-dire qu’à la mort du Prophète que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui, il avait mémorisé toutes les sourates du Coran qui avaient été révélées, il faisait parti aussi de ceux qui priaient la nuit et jeûnaient le jour…

Peu de Compagnons mémorisait donc le Coran en entier, cependant ils appliquaient ses principes et tiraient les bons préceptes de ses versets…

C’est pourquoi, il se pouvait que l’un d’eux passent la nuit entière à prier en lisant un seul verset, cela faisait parti de leurs larges connaissances en jurisprudence, car un verset l’avait si profondément marqué et lui avait inspiré tellement d’idées et de sentiments qu’il ne pouvait passer au suivant.

Comme le faisait d’ailleurs le prophète que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui ; il passa une nuit entière à prier en lisant le verset : « Si Tu les châties, ils sont Tes serviteurs. Et si Tu leur pardonnes, c'est Toi le Puissant, le Sage ». [Sourate Al-Ma’dah : v.118]

Tamîm dâry passa quant à lui une nuit entière à répéter le verset : « Ceux qui commettent des mauvaises actions comptent-ils que Nous allons les traiter comme ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, dans leur vie et dans leur mort? Comme ils jugent mal! » [Sourate Al-jathiyah : v. 21] ;

C'est-à-dire que ceux qui ont commis de mauvaises actions, croient-ils qu’ils seront considérés et vus par Allah Tout-Puissant, comme ceux qui ont porté la foi et accompli de bonnes actions, que ce soit durant leur vie ou après leur mort, comme ils jugent mal les choses, jamais ils ne seront pareils.

Quand on lit « Ceux qui commettent des mauvaises actions » on peut s’arrêter et se remémorer tous les péchés que l’on a commis dans le passé, peut-être que des anciens souvenirs resurgiront subitement, (J’ai commis tel et tel péché, celui-ci je l’ai fait cent fois, et celui là deux cent etc…) Peut-être t’es-tu montré injuste envers quelqu’un, que l’image de cette personne qui te supplie se dresse devant toi, pendant que tu mens sur son compte, le traite injustement, ou que tu le maltraites, que tu le voles… Comme certains médecins qui soudainement voient leur conscience se réveiller, mais quand il est trop tard malheureusement, et que leur malhonnêteté ait été découverte…

Le Cheikh qu’Allah le préserve, raconte l’histoire d’un médecin qui effectua une chirurgie sur un mort…

C’est l’histoire d’un chirurgien chez qui s’est rendu un pauvre homme, très âgé et très malade, il voulait faire une opération, cet homme était en dernière phase, et sa femme était une pauvre campagnarde qui ne possédait qu’une seule brebis, elle lui dit : « Je suis pauvre et n’ai pas d’argent, opérez-le (car son état est très grave !)… » Mais le médecin dont le cœur s’était endurcit : « Je ne commencerai l’opération que quand l’argent sera sur table ! Je ne toucherai à aucun de mes outils tant que je n’ai pas été payé !» La femme partit et vendit tout ce qu’elle possédait et revint avec l’argent, le malade fut alors déposé sur le lit d’opération, mais mourut avant que le médecin n’ait pu faire quoique se soit, mais ce dernier lui ouvrit quand même le ventre et fit semblant de faire l’opération alors que l’homme était déjà mort, puis il recousu la plaie et prit l’argent. Le médecin dit aujourd’hui que ce malade resurgit à chaque fois dans ses rêves, comme un cauchemar… Ce chirurgien donc voit cette image surgir quand il lit le verset « Ceux qui commettent des mauvaises actions… », L’homme s’arrête en la lisant et ne peut la dépasser car il est arrêter par ses pensées, mais peut-être que ce verset le poussera à se repentir à effacer cette injustice, et c’est cela qui est bien, telle est la bénédiction du Coran, quand on le lit soigneusement et qu’on comprend les versets, non pas en le lisant rapidement sans rien retenir, Allah Tout-puissant nous ordonne d’ailleurs de lire le Coran avec soin à plusieurs reprises…

Soufiane Ath-thawriy, qu’Allah soit satisfait de lui fut l’un de ceux à qui cela arriva ; quand il lu : « … et leur est apparu, de la part d'Allah, ce qu'ils n'avaient jamais imaginé ; » Sourate Az-Zumar : v.47 ; il lu et ne pu poursuivre sa lecture.

Beaucoup de gens se disent ; je suis le meilleur par mes bonnes actions, Allah pardonnera mes péchés, je passerai donc devant tout le monde pour entrer au Paradis…

L’histoire n’est une question de nombre de prière ou de jeûne…etc mais plutôt une question de « blancheur du cœur »…

Qu’entend-t-on par « un cœur blanc » ?

Cette clarté ou cette blancheur ne peut être que le résultat de bonnes actions, Allah que Sa Grandeur soit Exaltée utilise souvent l’expression qui réunit ceux qui portent la foi avec ceux qui font les bonnes œuvres en disant : « Ceux qui ont la foi et font des bonnes œuvres… »

Celui qui s’imagine que parce qu’il est riche, qu’il a arrangé une route, bâtit un hôpital, jeté des miettes aux pauvres, ou dressé des tables de nourritures … va finir par entrer directement au paradis, avec tous les anges qui lui disent : « Que la paix soit sur toi … » se trompe grandement, car les gens pieux malgré leur piété, ils ont toujours peur, et si Allah Tout-Puissant ne leur fait pas don d’espérance, ils deviendront certes du nombres des incroyants…

L’Homme ne parviendra pas à arriver chez Son Seigneur en paix que s’il ressent une réelle crainte mêlée d’espérance.

C’est pourquoi ceux qui adorent Allah par crainte seulement, se retrouve en fin de compte désespérés, et ceux qui ne font qu’espérer, finissent par se vanter, il faut donc adorer Allah avec la peur et l'espoir.

A chaque fois que la crainte s’emparera de quelqu’un l’espoir le calmera et lui rappellera la Clémence d’Allah, et si l’insouciance s’installe par trop d’optimisme et le rend paresseux, la peur le réveillera tel un fouet.

Soufiane Ath-thawriy avait donc parfaitement compris le verset … et leur est apparu, de la part d'Allah, ce qu'ils n'avaient jamais imaginé ; c'est pour cela qu'il ne pouvait pas le depasser.

L’Homme ne percevra le réel sens des versets du Noble Coran sauf s’il les analyse,

Ainsi quand quelqu’un lit le quart d’un Chapitre par exemple, et qu’il s’arrête à chaque verset et le lit soigneusement, il ne pourra en tirer tous les sens et les secrets que s’il l’analyse, si un ignorant qui ne possède pas un seul livre d'Exégèse, et qui ne connait pas bien l’arabe, ouvre le Coran, il ne pourra bien sûr pas comprendre grand-chose.

C’est pourquoi il doit au moins fournir quelques efforts, pour qu’on n’entende pas après cela, certain demander; je suis analphabète je ne sais ni lire ni écrire que dois-je faire ? Cette personne doit alors écouter les savants et les spécialistes en la matière, qui donnent beaucoup d’importance à chaque explication.

Celui qui a la capacité de lire, doit se procurer un livre d'Exégèse, et même deux ou trois, ainsi il peut comparer et analyser les sens de chaque verset, il se peut que certaines explications lui pose problème, il pose alors des questions aux savants, et ainsi ses connaissances s’enrichissent surement, pendant que celui qui ne cherche qu’à finir au plus vite la lecture, fini par adorer Allah comme un employé qui attendrait son salaire.

On a donc (le comportement de celui qui aime Allah), (le comportement de celui qui est intéressé par la rétribution), et (celui du pécheur), ce dernier suit ses envies, il n’attend même pas de salaire puisqu’il œuvre pour sa perte, il se nourrit de poison mortel, et si Allah ne le guide pas pour qu’il soit relevé au moins au grade de l’intéressé, nos paroles ne le concerneront en rien, car il n’a pas de place dans ce discourt.



J’implore Allah Tout-puissant que nous puissions tirer profit de ce qu'Il nous a apprit, qu'Il fasse que nous apprenions ce que nous ignorons,et qu’Il fasse de ce que nous venons de dire une provision pour un beau retour a Lui. Il est le pourvoyeur de tout bien, Allah nous suffit et Il est notre Meilleur Garant. Et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur notre prophète.

Louanges à Allah, Le Seigneur des univers.

Traduit de l’Arabe par le Site Officiel Français du Cheikh Abo Ishaq Alheweny